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Le partage d’Aedirn[N 1] désigne le démembrement du royaume d’Aedirn intervenu en juillet 1267 entre son allié kaedwenien et l’Empire nilfgaardien, au cours de la Seconde Guerre nordique.

Contexte[]

Une rivalité ancienne[]

L’hostilité entre les royaumes de Kaedwen et d’Aedirn est ancienne et se concentre surtout sur le Haut-Aedirn, que les Kaedweniens nomment Basse-Marchie. Cette vaste région, comprise entre le Pontar et la Dyphne, fut pendant des siècles un fief kaedwenien avant qu’Aedirn en prenne possession[1]. Le Kaedwen, sous l’impulsion de son roi Henselt, n’a eu de cesse depuis de remettre en question cet état de fait. Mais si Ard Carraigh met en avant l’histoire et l’ethnicité des « Bas-Marchiens » pour justifier ses revendications[2], les réelles motivations de Kaedwen sont plus matérielles. La région occupe en effet une position stratégique puisqu'elle offre un accès à la vallée du Pontar, le cœur économique du Nord, et à la colline du Pontar, cette passe entre le fleuve et Mahakam qui marque la frontière entre Aedirn et la Témérie

La campagne d’Aedirn[]

Au début du mois de juillet 1267, la Seconde Guerre nordique commence après l’incident de Glevitzingen, et le Kaedwen se retrouve engagé aux côtés d’Aedirn dans une vaste coalition anti-nilfgaardienne. Avant-guerre, Henselt s’était montré particulièrement confiant dans la capacité du Nord à vaincre l’Empire[3], mais dès les premiers affrontements le Nilfgaard prend l’avantage.

Le royaume de Lyrie est écrasé en à peine quatre jours, et les troupes d’Aedirn subissent une cuisante défaite lors de la bataille d’Aldersberg. Pour le royaume de Demawend la situation est désastreuse : l’armée d’Aedirn a cessé d’exister, la capitale Vengerberg est assiégée, et les routes sont envahies de réfugiés sous la protection de vagues milices totalement débordées. Submergé par la vague d’envahisseurs nilfgaardiens, Demawend ne peut même plus compter sur l’assistance de la Témérie puisque le roi Foltest à conclut une trêve avec l’ennemi. Ainsi, le salut d’Aedirn ne peut venir que de l’allié kaedwenien au nord[2].

Le pacte Kaedwen-Nilfgaard[]

Dispositions[]

Avec l’écrasement foudroyant de la Lyrie et la débâcle d’Aedirn, l’optimisme d’Henselt n’est plus de mise et le roi doit repenser sa stratégie. Si le Kaedwen a mobilisé ses troupes dès les premiers jours du conflit, Henselt les a prudemment tenu à l’écart des combats, au nord du Pontar. Deux choix s’offrent alors : attendre une inévitable offensive nilfgaardienne et espérer tenir sur le fleuve, ou se porter au secours de Demawend en Aedirn. N’ayant rien oublié de sa rivalité avec son voisin et conscient des risques d’une confrontation avec le Nilfgaard, Henselt choisit une troisième voie en s’associant avec l’Empire. Le roi négocie son retrait du conflit en échange de l’autorisation nilfgaardienne de procéder à l’occupation des terres sises au nord de la Dyphne. L’accord prévoit que cette occupation doit s’effectuer en trois jours et qu’en aucun cas les troupes kaedweniennes ne doivent franchir le fleuve[2]. Le Kaedwen, toutefois, ne conclut aucune alliance avec Nilfgaard et n’entre même pas en guerre contre l’Aedirn dont il envahit pourtant le territoire.

Intérêts kaedweniens[]

Un certain flou demeure sur les motivations du Kaedwen. Henselt n’a jamais caché ses revendications sur la Basse-Marchie, et la défaite d’Aedirn a certainement constitué une occasion qu’il n’a pas voulu laisser passer. Cependant, on ignore si Henselt a réellement songé à une association avec le Nilfgaard ou si, de manière plus probable, il a préféré gagner du temps tout en asseyant ses ambitions au sud du Pontar. D'ailleurs l’occupation du Haut-Aedirn présente pour le Nord l’avantage d’éloigner l’ennemi de la vallée du grand fleuve et de gêner l’avancée nilfgaardienne au nord de Mahakam[4].

Intérêts nilfgaardiens[]

Tout comme le Kaedwen, Nilfgaard mène une politique purement opportuniste. L’Empire compte sur son accord avec Henselt pour sécuriser le nord d’Aedirn et ainsi pouvoir se concentrer sur les dernière poches de résistances et sur la Témérie. À aucun moment le Nilfgaard n’a songé à une véritable alliance avec Ard Carraigh, considérant le pacte comme une simple trêve avant l’attaque finale (voir offensive de printemps).  

La mise en place du partage[]

Annexion du Haut-Aedirn[]

Dès la signature de l’accord, le roi Henselt dépêche le margrave Mansfeld d’Ard Carraigh prendre le commandement des troupes kaedweniennes sur le Pontar. Celles-ci franchissent le fleuve le 24 juillet 1267 et procèdent à l’occupation dans les délais prévus. La propagande kaedwenienne parle de libération de la « province perdue » de Basse-Marchie, et met en avant l’incapacité de Demawend à protéger son royaume ainsi que les importants prêts accordés à Aedirn et jamais remboursés, pour justifier ce coup de force. Ordre est donné aux troupes d’agir avec célérité mais de ne surtout pas violenter les locaux, ce qui provoque l’incompréhension de la soldatesque habituée au pillage (en vérité les consignes ne seront pas toujours respectées[N 3]). De plus, les Kaedweniens ne comprennent pas pourquoi ils ne doivent pas s’attaquer aux Nilfgaardiens, jusqu’alors leurs plus féroces ennemis. Malgré tout, l’occupation kaedwenienne s’effectue sans heurts et conformément aux dispositions du pacte. Le margrave Mansfeld rencontre même le maréchal nilfgaardien Menno Coehoorn sur la Dyphne et échange avec lui une poignée de main hautement symbolique. La Basse-Marchie est dès lors considérée par Ard Carraigh comme une partie intégrante du royaume de Kaedwen[2].

Occupation nilfgaardienne d’Aedirn[]

Le reste d’Aedirn est placé sous administration militaire nilfgaardienne (excepté le fort de Hagge. Dans sa partie orientale, l’empereur Emhyr var Emreis fait dont à ses alliés Scoia’tael de la vallée aux Fleurs et y crée le royaume elfique de Dol Blathann, protectorat impérial placé sous le sceptre d'Enid an Gleanna.

Mais si le Kaedwen a respecté à la lettre le traité avec les Nilfgaardiens, il est nettement moins disposé à appliquer également cet accord avec le nouvel Etat. Les Elfes de Dol Blathann sont contraint de maintenir une vigilance constante tant la menace d’une attaque kaedwenienne est élevée. En certains points, l’armée de Kaedwen pousse même jusqu'à franchir la Dyphne et pénétrer dans la vallée aux Fleurs[2].

Réactions à l'étranger[]

Le coup de force du Kaedwen déclenche une vague d’indignation dans tous les Royaumes du Nord. Depuis la Rédanie où il a trouvé refuge, le roi Demawend n’a pas de mot assez durs pour condamner la trahison d’Henselt[4]. De manière générale, la majorité du Nord considère l’annexion du Haut-Aedirn comme « l’acte le plus dégoûtant de l’Histoire », et le Kaedwen est ainsi mit au ban des nations. Quant au Dol Blathann, son indépendance n’est pas reconnu par la Rédanie pour qui il s’agit toujours d’une partie d’Aedirn[N 2][5].

Le royaume de Kovir et Poviss, fidèle à sa politique de neutralité, ne prend aucune position concernant le Haut-Aedirn et le Dol Blathann, et n'émet aucun jugement sur la moralité de l'action du Kaedwen.

En privé, toutefois, la Rédanie envoie des remerciements à Henselt pour avoir ainsi couvert le flanc est de la Témérie et barré la route du Pontar au Nilfgaard[4]. Il ne fait malgré tout aucun doute dans l'esprit des monarques nordiques qu'après la guerre le Haut-Aedirn devra être restitué à Demawend.

Conséquences et bilan[]

En mettant de côté l'outrage fait à Aedirn, l'annexion de la Basse-Marchie fut positive pour le Nord d'un point de vue tactique, comme indiqué précédemment. L'entente entre le Kaedwen et l'Empire s'évapora lorsqu'au printemps 1268 ce dernier lança une vaste offensive sur le Kaedwen, avec la vallée du Pontar comme objectif. Le groupe armé « Est », sous le commandement du duc Ardal aep Dahy, remporta quelques succès initiaux avant d'être contraint à la retraite par une contre-attaque nordique menée par Henselt et Demawend, qui mirent de côté leur rivalité le temps des hostilités[6].

Par le traité de paix de Cintra, les dispositions du partage d'Aedirn furent rendues caduques, Henselt étant contraint de restituer le Haut-Aedirn à Vengerberg. Le royaume de Dol Blathann devint une principauté elfique autonome, vassale d'Aedirn. Au cours des pourparlers de paix, et malgré les preuves évidentes, Nilfgaard et Kaedwen nièrent catégoriquement toute association ou collaboration entre eux. Henselt présenta son coup de force comme l'occupation d'un territoire déjà nilfgaardien, et réclama la Marchie comme paiement pour son aide dans la lutte finale. Il finit toutefois par céder après l'intervention de Sabrina Glevissig[1].

Sous la plume de Sapkowski[]

Ils se sont serré la main sur le pont de la rivière Dyphna, acheva Jaskier. Le margrave Mansfeld d'Ard Carraigh et Mennon Coehoorn, commandant en chef des armées de Nilfgaard de Dol Angra. Oui, ils se sont serré la main. Sur les ruines du royaume d'Aedirn ensanglanté, agonisant, il ont scellé le partage criminel du butin. Le geste le plus infâme que l'histoire ait connu.

— Le Temps du Mépris, Chapitre 5.

Notes et références[]

Notes[]

  1. ↑ Cet événement est probablement inspiré du partage germano-soviétique de la Pologne, opéré en septembre 1939.
  2. ↑ Il est possible que le Kaedwen ait reconnu le Dol Blathann, l'ambassadeur Shilard Fitz-Oesterlen indiquant que l'État elfique est « reconnu par toutes les puissances voisines »[5].
  3. ↑ Demawend parle des Kaedweniens comme des « bandits » qui ont « assassiné, violé et pillé »[1].

Références[]

  1. 1,0 1,1 et 1,2 La Dame du Lac, Chapitre 10.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 et 2,4 Le Temps du Mépris, Chapitre 5.  
  3. Le Sang des Elfes, Chapitre 6.    
  4. 4,0 4,1 et 4,2 La Tour de l'Hirondelle, Chapitre 8.
  5. 5,0 et 5,1 Le Baptême du Feu, Chapitre premier.
  6. La Dame du Lac, Chapitre 8.